Tout commence en 1988 quand les « cinquante-cinq pays ayant le français en partage » décident d’organiser chaque année une « Journée internationale de la francophonie ». La date est fixée au 20 mars. A partir de 1996, le ministère de la Culture et de la Communication (Délégation générale à la langue française et aux langues de France) et le ministère des Affaires étrangères décident de mettre en place annuellement « la Semaine de la langue française et de la francophonie » autour de cette journée du 20 mars. Chaque Semaine est associée à un thème, reflet de l’actualité, ou est l’occasion de rendre hommage à des personnalités du monde francophone (Victor Hugo, Raymond Queneau, Jules Verne…). En 1999, germa l’idée de proposer chaque année une sélection de « dix mots ». Ils sont le « fil conducteur » de la manifestation. Chacun est invité à participer à ce « jeu des dix mots ».
L’objectif est de créer un rendez-vous convivial
autour de la langue française. La « Semaine de la langue française
et de la francophonie » permet de sensibiliser un large public en
mettant l’accent sur :
– la maîtrise de la langue : elle favorise l’expression
individuelle, le dialogue, l’accès à la citoyenneté
et l’insertion professionnelle, sociale et culturelle ;
– l’appropriation de la langue par le jeu : la maîtrise
de la langue peut s’effectuer en s’amusant ; le plaisir de jouer
avec la langue, la stimulation de l’imaginaire et de la créativité
peuvent être de puissants moyens pour l’acquisition de formes
grammaticales ou de mots nouveaux ;
– le développement des échanges avec les francophones
du monde entier : la « Journée internationale de la francophonie
» est l’occasion de rappeler que notre langue est un patrimoine
partagé à différents niveaux par une soixantaine de
pays ; cette communauté linguistique, présente sur les cinq
continents, offre une ouverture sur d’autres cultures et facilite
les échanges ;
– la nécessité d’assurer le maintien du plurilinguisme
dans le monde : comme l’a magnifiquement dit Umberto Eco, «
la langue de l’Europe, c’est la traduction ».
Chaque année est proposée une sélection
de dix mots, choisis pour leur sens, leur histoire, leur qualité
poétique ou sonore, ou leur résonance dans l’actualité.
Ils sont sélectionnés au niveau national à partir de
propositions émanant de personnalités francophones sollicitées
en fonction du thème de la Semaine.
Pour jouer, il suffit d’utiliser les mots de l’année,
de n’en retenir qu’un seul, ou deux, ou trois, de les prendre
tous, voire (car cela s’est vu...) d’en choisir un onzième.
Ensuite, de laisser courir son imagination en choisissant, dans toutes les
disciplines artistiques, la forme que l’on souhaite : récit,
poésie, graphisme, photographie, dessin, lecture enregistrée,
théâtre, chanson, cinéma, collage, calligramme, exercice
de style etc. En un mot, la plus grande liberté est de mise. Seule
contrainte : l’usage d’au moins un des « dix mots ».
L’opération « Dis-moi dix mots »
invite chacun à jouer et à s’exprimer autour de dix
mots sous une forme littéraire ou artistique de septembre à
juin. Ces dix mots sont choisis, chaque année, par les différents
partenaires francophones : la France, la Belgique, le Québec, la
Suisse et l’Organisation internationale de la Francophonie (qui regroupe
75 États et gouvernements dans le monde). Ils proposent au public
autant de pistes de jeu ou de travail pour aborder les multiples facettes
d’une thématique dans laquelle chacun peut se reconnaître
et manifester son intérêt ou son goût pour la langue
française.
Si la langue française n’a cessé, tout au long de son
histoire, d’emprunter des mots à d'autres langues, on oublie
à quel point le français reste vivant dans les langues étrangères,
qui depuis longtemps lui empruntent en retour nombre de mots et d’expressions.
C'est d’ailleurs au français, historiquement, que les langues
du monde ont le plus emprunté. Ainsi, de nombreux mots issus de domaines
aussi divers que la cuisine, la mode mais aussi la guerre, les sentiments,
la diplomatie…, sont passés tels quels dans d’autres
langues, qu’ils ont enrichies en exprimant une notion sous une forme
particulièrement juste ou élégante. Ils témoignent
ainsi de l'attrait exercé par notre langue, du « désir
de français » qu'elle suscite : de sa « valeur ».
Les dix mots de cette nouvelle édition ont été choisis
parmi les mots, tournures ou expressions empruntés à la langue
française par d’autres langues comme l’allemand, l’anglais,
le polonais, le portugais, le russe, le polonais, le néerlandais,
l’espagnol et l’italien. Identifiez les langues dans lesquelles
chacun des dix mots s’est installé !
Ces dix mots sont : atelier, bouquet, cachet, coup de foudre, équipe,
protéger, savoir-faire, unique, vis-à-vis, voilà.
[ dismoidixmots. culture.fr]
Le thème de l’édition 2011-2012 mettra
à l’honneur l’expression personnelle.
Âme, autrement, caractère, chez, confier, histoire, naturel,
penchant, songe, transports.
Issus de champs sémantiques différents, ils ont tous un lien
avec l’intime. Par leur connotation, ils illustrent la capacité
de la langue française à exprimer la singularité de
chacun, l’identité particulière d’un individu
ou d’un groupe. La possibilité qu’offre la langue française
à dire quelque chose de soi ou sur soi, à dire quelque chose
de nous-mêmes, à exprimer nos sensations, nos idées,
nos espoirs, notre identité.
En Rhône-Alpes, ils font échos à la célébration
du tricentenaire de la naissance de Jean-Jacques Rousseau.
Comme chaque année, dix mots ont été
choisis en concertation avec la Belgique, la Suisse, le Québec et
l'Organisation internationale de la Francophonie : ACCUEILLANT, AGAPES,
AVEC, CHŒUR, COMPLICES, CORDÉE, FIL, HARMONIEUSEMENT, MAIN,
RÉSEAUTER. Ces dix mots permettront ainsi aux pays qui ont le français
en partage, chacun à leur manière, de mettre en avant le rôle
moteur de notre langue dans la société de demain .
Pour apporter sa contribution à l’Espace Pandora (une association
culturelle en faveur du livre et de l’écrit en région
Rhône-Alpes), Dominique Louette a écrit un poème utilisant
ces dix mots :
« Alors qu'arrive enfin l'heure de la retraite
Et que tu as la chance de pouvoir choisir
Comment et où tu vas passer de doux loisirs
Quand tu as réussi à rompre les vieux liens
Que le FIL le plus ténu plus ne te retient
Quand l’homme qui était toujours premier de CORDÉE
Pour une dernière ascension au ciel est monté
Tandis que toi sur terre solitaire est restée
Lui, là-haut, des anges il a rejoint le CHŒUR
En vain tu as attendu une autre âme sœur
Tes COMPLICES t'ayant lâché la MAIN pour aller
RÉSEAUTER ici ou là, ou à l'étranger
C'est alors que tu cherches le pays ACCUEILLANT
Où vivre enfin AVEC des gens intelligents
De ceux qui savent vivre le meilleur de la vie
Et se livrer toujours en toute bonhommie
À des AGAPES de plaisirs, petits ou grands
Où, avec bonheur, tu profites pleinement
De la beauté de la nature, HARMONIEUSEMENT
Ne cherche pas plus loin, ce pays est ici,
Évidemment. »
La dictée de la BNF
Un bavard impénitent
Conviée à un symposium francophone fort
savant, qui se tenait dans les îles Marquises, aux antipodes ensoleillés
de nos contrées glacées, Camille s’envola un mardi après-midi
de l’aéroport Charles-de-Gaulle. L’avion virait de bord
au-dessus de Villeneuve-la-Garenne quand son voisin lui montra par le hublot
une colline à laquelle il trouvait une amusante forme humaine. Ingénieur
recyclé dans une banque d’affaires, ce bavard y entamait une
nouvelle carrière sur le sérieux de laquelle il se montrait
plutôt à cheval. De trois à six, il ne cessa de lui
parler d’hypothèques, de marché haussier et de martingales.
Jamais encore elle ne s’était laissé prendre à
partie de manière aussi véhémente. Lorsqu’on
servit les apéritifs, et bien qu’elle se fût montrée
jusqu’alors d’humeur égale et résignée,
elle voulut mettre un terme aux billevesées qu’il débitait
à jet continu dans son galimatias fatigant et pédantesque.
Agacée par cet histrion, elle s’enveloppa dans son manteau,
réprima un bâillement, entonna à mi voix une vieille
comptine de crèche, en do dièse mineur, et feignit de s’assoupir,
escomptant ainsi le contraindre à rester coi. Macache ! Il haussa
le ton, reprit son boniment de plus belle et de nouveau s’emballa.
Derechef, elle dut subir cette logorrhée impertinente, parsemée
de logarithmes abscons et d’apophtegmes abstrus.
Elle changea de place mais tomba de Charybde en Scylla, car l’hôtesse
l’assit alors à côté d’un chimiste cacochyme
qui l’étourdit de métaldéhyde, d’hexachlorure
de tungstène et de méthacrylate de butyle, tous composés
infernaux et toxiques que trop peu d’entre nous savent hélas
orthographier.
Les dix mots de la semaine de la francophonie se trouvent cachés
dans ce texte. Retrouvez-les !
BALADEUR – ESCAGASSER – REMUE-MÉNINGES – CRESCENDO
– ZAPPER – CHEVAL DE TROIE – MOBILE – MENTOR –
GALÈRE – VARIANTE
« Des mots pour dire demain » : dix mots qui
montrent la capacité du français à exprimer les enjeux
de demain, à la fois technologiques et scientifiques, prouvant ainsi
que notre langue peut dire et imaginer l'avenir.
En 2009, les dix mots ont été choisis en concertation avec
la Belgique, la Suisse, le Québec et l'Organisation internationale
de la Francophonie. Ces dix mots permettront ainsi aux pays qui ont le français
en partage, chacun à leur manière, de mettre en avant le rôle
moteur de notre langue dans la société de demain :
Ailleurs – Capteur – Clair de Terre – Clic – Compatible
– Désirer – Génome – Pérenne –
Transformer – Vision.
Voyez le site de la Semaine de la langue française : http://www.semainelf.culture.fr/
Et téléchargez le livret des dix mots.
Extrait du livret des dix mots : Ecrira t-on ainsi en 2075 ?
« Alors voilà la décision que j’ai pris : pour
solutioner l’afaire, quand je vais le voir, le gars, je vais y demander
: « Tu pars quand ? et tu vas où ? ». D’entrée
: faut que j’arive à l’impacter, c’est tout. J’adore
les histoires se terminant bien. Et s’il est OK,
je pars avec lui en voiture, parce que moi, ma soeur, sa voiture elle est
en pane… »
Aius Locutius. Quelques agents de la Délégation générale
à la langue française et aux langues de France se cachent
sous le nom de ce dieu de la mythologie romaine dont le nom contient deux
fois l'idée de parler (aio et loquor), dieu mystérieux qui
se manifesta en une seule occasion, pour annoncer ce qui allait se passer...