• Contribution de Dominique Louette : Le point au
mot « point ». Si le mot point n’était
autrefois prononcé qu’à une fréquence relativement
faible, nos oreilles occidentales, en 2013, en sont excessivement rebattues
! (point d’exclamation). En effet, les professeurs, qui s’appelaient
alors instituteurs prononçaient très souvent le mot point
: point-virgule, deux-points ouvrez les guillemets (ou pas), point
à la ligne… Quand l’orthographe n’était
pas au point, ils mettaient un zéro pointé
aux mauvais élèves. Les bons avaient un bon point.
Après la dictée, on pouvait avoir aussi une explication de
texte au cours de laquelle on tentait de développer la pensée
de l’auteur point par point. À la cantine, pour reprendre
des forces, les enfants pouvaient se voir servir un bifteck (beefsteak)
à point. J’en suis au point de vous énumérer
encore : point d’eau, les Éditions Point, Point P, point
info, point café, point d’orgue, point de détail, au
plus haut point… Étymologie de point : du latin
punctum « piqûre », « point, espace infime
» et « point (sur un dé) », famille de pungere,
"poindre".
Vous avez tout de suite compris où je voulais en venir : (deux
points) point fr, point com, point org, etc. et même
point tout et n’importe quoi. Mais aussi point barre,
pointer du doigt, qui est devenu pointer tout court, et même
dans les chiffres où la virgule recule devant le point (influence
anglo-américaine). Et le permis à points, et les
points retraite. Ai-je manqué un point ? En avez-vous d’autres
?
• Bouc émissaire : Un bouc émissaire
est souvent quelqu’un d’innocent qui, pourtant, se voit attribuer
toutes sortes de responsabilités et de fautes. On lui met sur le
dos tous les torts. Il est coupable aux yeux de tous. Et il paye pour les
autres.
Cette expression naît d’une référence à
la Bible. Elle raconte que le jour de l’Expiation, le prêtre
d’Israël posait ses deux mains sur la tête d’un bouc
pour lui transmettre tous les péchés commis par le peuple
juif. Ensuite l’animal était envoyé dans le désert
afin que tous ces péchés s’y perdent. Parfois le bouc
était simplement immolé. On en retrouve la mention dans le
Lévitique 16, 20-22 : « Lorsqu’il aura achevé
de faire l’expiation pour le sanctuaire, pour la tente d’assignation
et pour l’autel, il fera approcher le bouc vivant. Aaron posera ses
deux mains sur la tête du bouc vivant, et il confessera sur lui toutes
les iniquités des enfants d’Israël et toutes les transgressions
par lesquelles ils ont péché ; il les mettra sur la tête
du bouc, puis il le chassera dans le désert, à l’aide
d’un homme qui aura cette charge. Le bouc emportera sur lui toutes
leurs iniquités dans une terre désolée ; il sera chassé
dans le désert. » [Les Almaniaks, Pourquoi dit-on... ?]
Voilà pour l’histoire. Mais pourquoi le mot émissaire
? Le Petit Robert parle d’une mauvaise interprétation du mot
Azazel (démon du désert). On trouve ceci sur Wikipédia
:
Le terme de « bouc émissaire » provient de la traduction
grecque de « bouc à Azazel », un bouc portant sur lui
tous les péchés d'Israël. Si la tradition rabbinique
conçoit Azazel comme une vallée désertique hostile,
les auteurs de la Septante lisent ez ozel (« bouc en partance
») et traduisent en grec ancien par apodiopompaíos trágos,
rendu en latin par caper emissarius. La notion de sacrifice de
substitution est intégrée à la thématique chrétienne,
Jésus étant présenté dans les Évangiles
comme un agneau immolé, expiant les péchés du monde
en mourant sur la croix au terme de sa passion.
• À l’article de la mort : On est à
l’article de la mort quand on est à l’agonie, près
de mourir. Il n’est pas du tout question, dans cette expression, d’avoir
un article dans la nécrologie du Monde ! L’expression date
du XVIe siècle. « Article » vient du latin « in
articulo mortis ». Articulo (de articulus) désigne
une division du temps. Dans ce contexte, il peut se traduire par «
moment critique, décisif, instant, point précis ». La
locution « in articulo mortis » peut se traduire par «
au moment de la mort ». À l’origine, l’expression
in extremis lui est équivalente, mais elle a depuis dévié
vers le sens de « au dernier moment ». [Les Almaniaks, Pourquoi
dit-on... ?]
• Réduit à la portion congrue : Cette expression
signifie qu’une chose est réduite au minimum, symbole de revenus
très faibles. Parmi les nombreuses taxes que payaient les paysans
avant la Révolution, il y avait la dîme, un dixième
des récoltes, destinée au clergé. Sous l’Ancien
Régime, les curés du bas clergé étaient chargés
des basses besognes, comme faire la tournée des paroisses au fin
fond de l’évêché ou distribuer les sacrements
aux pauvres. Leur salaire, la portion congrue, provenait des riches
ecclésiastiques de haut rang, qui devaient réserver une partie
de leurs revenus pour cela. Mais elle était très faible et
généralement insuffisante pour que le curé qui la recevait
puisse en vivre. Un curé à portion congrue est donc un curé
pauvre. L’expression s’emploie depuis dans son sens figuré.
L’adjectif congru (du latin congruus, « convenable
») a d’abord signifié « adéquat »,
« qui convient ». Sous l’Ancien Régime, comme ladite
pension était calculée au plus près, pour assurer juste
la survie, cet adjectif a pris le sens de « réduit »,
« mesquin », que nous lui connaissons désormais. [Les
Almaniaks, Pourquoi dit-on... ?]
• Ramener sa fraise. Sens : Se manifester hors
de propos. Agir de manière importune. Avoir une attitude prétentieuse.
Arriver (en parlant d'une personne). Origine : Cette expression argotique
date du début du XXe siècle. Elle voulait dire 'rouspéter'
ou bien 'ronchonner', sans que l'origine en soit bien claire. Puis son sens
a évolué. Dans tous les cas, la fraise qui nous intéresse
ici n'est qu'une des très nombreuses dénominations de la tête
avec cafetière, tronche, caboche, caisson, trombine... ou
bien, pour rester dans les fruits, poire, pomme, cerise, citron...
C'est pourquoi, on comprend aisément le dernier sens proposé
indiquant que lorsqu'une personne amène ou ramène sa fraise,
c'est qu'elle arrive ou revient. Par extension, celui qui intervient de
manière inopportune dans une discussion, par exemple, y arrive et
y ramène donc aussi sa fraise. Si on y rajoute une connotation ironique
(il ramène sa fraise, mais il n'y connaît rien et il ferait
mieux de se taire), on rejoint l'attitude prétentieuse. Une ellipse
de cette expression est tout simplement "la ramener" : lorsque,
dans un dialogue à la Michel Audiard, un truand dit à un autre
de ne surtout pas "la ramener", c'est qu'il a intérêt
à garder son clapet bien fermé et ne pas venir troubler la
situation. [www.expressio.fr]
• Tenir la chandelle. Le tiers qui se retrouve en présence
d'un couple très occupé à se faire des câlins
a vraiment l'impression de tenir la chandelle ! Il se sent de trop.
Au XIXe siècle, il était de coutume que soit le garçon
d'honneur, soit un valet, assiste à la nuit de noces pour éclairer
la couche des mariés à l'aide d'une chandelle. Seulement,
par discrétion, il se devait de tourner le dos à la scène
des ébats conjugaux, la chandelle au poing. Parfois, il fallait que
ce porteur de chandelier vérifie les draps après consommation
du mariage pour s'assurer que l'épouse était bien initialement
vierge. La définition du Littré : « assister et se prêter
à une turpitude ou à une chose dans laquelle on est dupé.
Se dit particulièrement de complaisances honteuses pour un commerce
de galanterie. » est aujourd'hui (heureusement) complètement
en sommeil ! [Les Almaniaks, Pourquoi dit-on... ?]
• Un cheval de Troie. Cette ruse consiste à infiltrer
une place pour la détruire de l'intérieur. Troie est une ancienne
ville d'Asie mineure située près de la mer Égée
(actuelle Turquie). La déesse Athéna promit à Pâris
(fils de Priam, roi de Troie) l'amour d'Hélène. Mais elle
était déjà l'épouse de Ménélas,
roi de Sparte. Nonobstant, Pâris l'enleva et la ramena avec lui à
Troie. Ménélas, fou de rage, s'associa aux Grecs pour récupérer
sa femme. Une cohorte de héros se lança dans l'entreprise
: Agamennon, Ulysse, Achille, Patrocle, les deux Ajax, Nestor... Ils assiégèrent
Troie durant dix années, en vain. Les Troyens, Hector en tête,
défendirent leur cité avec pugnacité, jusqu'au jour
où Ulysse eut cette idée géniale d'introduire un cheval
en bois colossal dans la ville. Son armée se cacha dans les flancs
creux de la bête. Attendant que les soldats ennemis se soient endormis,
les Grecs surgirent du cheval et ouvrirent les portes de Troie. La ville
fut pillée, les hommes massacrés, les femmes capturées.
Depuis, le langage informatique s'est approprié ce concept de «
cheval de Troie » pour désigner un programme pirate qui pénètre
un ordinateur et le contrôle à distance. [Les Almaniaks, Pourquoi
dit-on... ?]
La roche tarpéienne est proche du Capitole
: La roche Tarpéienne (en latin : Saxum Tarpeium) est une crête
rocheuse située à l’extrémité sud-ouest
du Capitole, à Rome. Lieu d’exécution capitale pendant
l’Antiquité, c’est de là qu’étaient
précipités, jusqu’à la fin de la République
romaine, les criminels ; ceux qui souffraient d’une déficience
mentale ou physique importante subissaient le même sort car on les
croyait maudits des dieux.
Son nom vient de Tarpeia, la fille de Sempronius Tarpeius, gouverneur de
la citadelle à l’époque de Romulus, qui avait proposé
au roi des Sabins, Titus Tatius, dont elle était amoureuse, d’ouvrir
les portes à ses troupes alors en guerre contre les Romains. À
la fin de la bataille, elle demanda la récompense qui lui avait été
promise pour sa trahison : ce que les Sabins portaient « au bras
gauche » (leurs bijoux en or). Les Sabins s’exécutèrent
immédiatement, mais ils lui donnèrent aussi leurs boucliers
qu’ils portaient du même bras gauche et dont le poids écrasa
Tarpeia, selon Plutarque dans Vies des hommes illustres - Romulus.
Une citation latine l’a fait passer à la postérité
: Arx tarpeia Capitoli proxima (généralement traduite
par la phrase « La roche tarpéienne est proche du Capitole
»). Elle est employée pour signifier qu’après
les honneurs, la déchéance peut venir rapidement. [Wikipédia]
Rouler à tombeau ouvert : cette expression doit être
comprise au sens littéral des termes : celui qui roule à tombeau
ouvert va si vite qu'il y risque sa vie et qu'il va probablement et volontairement
terminer sa course directement dans le tombeau qui l'attend grand ouvert.
Comment allez-vous ? : Cette expression remonte aux environs de
la Renaissance et, à cette époque, elle signifiait « Comment
allez vous à la selle ? ». Car il faut savoir que
la qualité des selles et des urines était alors extrêmement
importante, étant signe de bonne ou de mauvaise santé. Il
était donc fort poli de se soucier de la forme de son interlocuteur
ou de son interlocutrice, en lui demandant comment il, ou elle, avait fait
ses besoins le matin.
Trempé comme une soupe : si l'on dit de celui qui ruisselle
sous l'averse qu'il est trempé comme une soupe, c'est parce que,
avant d'être un potage, la soupe était seulement une tranche
de pain trempée dans du bouillon. [Claude Duneton, La Puce à
l'oreille.]
Casser sa pipe : Sur les champs de batailles des
guerres napoléoniennes, les chirurgiens n'ayant pas d'anesthésiant
pour opérer, plaçaient une pipe en terre cuite entre les dents
du patient pour qu'il la morde au lieu de crier. Le soldat qui succombait
au cours de l'opération laissait tomber sa pipe par terre où
elle se cassait.
Prendre la clef des champs : Quelle jolie métaphore ! La
clef des champs, c'est la liberté. Ouverture de l'horizon, vastes
étendues... Avoir la clef des champs : être libre
de choisir son chemin. Donner la clef des champs : donner la liberté.
Prendre la clef des champs : conquérir sa liberté,
partir, fuir.
« Puis un jour elle a pris la clef des champs
En me laissant à l'âme un mal funeste... »
Georges Brassens, Une jolie fleur.
Autre extrait d'une chanson de Georges Brassens :
« Je bats la campagne / Pour dénicher la / Nouvelle
compagne / Valant celle-là »
Auprès de mon arbre.
Le chanteur-poète emploie l'expression battre la campagne
dans son acception de recherche, d'exploration. Battre les routes, la
forêt, le pays, peut également se dire. Battre la
campagne signifie aussi, quand l'expression s'applique à l'esprit,
rêver de tout et de rien, déraisonner, divaguer. [Bernard Pivot,
100 expressions à sauver]
Prendre la poudre d'escampette : s'enfuir, déguerpir. De
escamper (fin XIVe); italien scampare « s'enfuir
», de campo « champ ».
Ça te, ça vous, ça me, ça nous la coupe
! Bref, ça t'étonne, ça vous déconcerte, ça
m'ébaubit, ça nous laisse coi (sic) ! Et ça coupe quoi
? Le sifflet ? La parole ? La respiration ? Les jambes ? Non, ça
nous coupe la chique, boulette de tabac que jadis l'on mâchait
comme l'on mâche aujourd’hui du chewing-gum. La nouvelle est
si inattendue que l'on s'arrête de mâcher et que l'on reste
muet de stupéfaction. [...]
L'usage n'a heureusement pas coupé beaucoup d'autres expressions
où l'on continue de couper allègrement : la poire en deux,
les cheveux en quatre, le cordon ombilical, les vivres, les ponts, ses effets
à quelqu'un, etc. [Bernard Pivot, 100 expressions à
sauver]
Fagoté (ou ficelé, ou fichu)
comme l’as de pique : habillé n’importe comment,
mal sapé. Fagoté vient de fagot, paquet
de branchages et de petit bois souvent rassemblés à la diable.
De même les vêtements de celui qui est mal fagoté. Faire
quelque chose à l’as de pique, c’est le faire sans
aucun soin, un peu n’importe comment. Selon Claude Duneton, L’as
de pique évoque par sa forme le croupion d’une volaille. Partie
de son corps pas bien propre. Mal tenue. De même le laisser-aller
vestimentaire. [Bernard Pivot, 100 expressions à sauver]
En baver des ronds de chapeau : si elle n’a pas disparu,
la première acception de cette amusante expression a beaucoup vieilli.
Elle exprimait, selon Claude Duneton, « la stupéfaction
ravie ». Et il ajoute : « Semble parodier l’émerveillement
d’un enfant qui bave de surprise, laissant couler des gros ronds de
salive. » Quand on dit encore aujourd’hui de quelqu’un
qu’il en bave des ronds de chapeau, c’est qu’il souffre
beaucoup parce qu’il est soumis à une épreuve physique
ou morale. Le glissement de sens vient du verbe baver, de plus en plus employé
familièrement pour exprimer une douleur. Ah, il en a bavé !
Les ronds de chapeau disparaissent pour laisser le verbe traduire tout seul
la souffrance. [Bernard Pivot, 100 expressions à sauver]
Dans son émission La prochaine fois je vous le chanterai
du 15/01/2011, Philippe Meyer a relevé des expressions autour de
certaines parties du corps.
Autour du mot main
Le maladroit a deux mains gauches.
Le paresseux a un poil dans la main.
Le travailleur met la main à la pâte.
Le généreux met la main à la poche.
Le pusillanime préfère passer la main.
Le compatissant tend la main.
L’arrogant donne sa main à couper.
Le pas vernis est pris la main dans le sac.
Son complice s’en lave les mains.
Autour du mot cul
Cul-de-jatte, cul-de-sac, cul-de-bouteille, un faux cul, faire cul sec,
un cul-terreux, avoir le cul entre deux chaises, coûter la peau du
cul, avoir le feu au cul, coller au cul, avoir le cul bordé de nouilles,
un cul cousu, un cul-bénit, avoir le cul par-dessus tête.
Expression québécoise : Il est laid comme une poignée
de culs dans un verre d’eau.
Mi-figue, mi-raisin : d'un air à la fois satisfait et mécontent, ou à la fois sérieux et en plaisantant. Origine : pendant un moment, vers le XVIe siècle, il a pu y avoir opposition entre le raisin savoureux et sucré et la figue, qui avait le sens de crotte ou fiente. Il existe une explication, quelque peu controversée cependant, de l'origine de la locution : elle serait liée aux Corinthiens qui, de temps en temps, lorsqu'ils livraient des raisins à Venise, y mélangeaient 'par inadvertance' des figues, moins chères et plus lourdes, histoire de gruger un peu leurs clients.
Petite nouvelle scatologique utilisant des expressions ou
des mots provençaux (Françoise Rebuffel)
La garouille (1)
Au matin du 1er juillet 2010, je me trouvais dans le train Orange-Valence
; nous étions tous esquichés (2). Il y avait plein
de braves gens partout, même assis par terre dans le couloir,
moi aussi d'ailleurs. Soudain, mon voisin s'est levé. Étonnée
par un geste qui défiait certaines difficultés, je faisais
le gobi (3) en le regardant se frayer un chemin. Sans doute avait-il
un besoin pressant comme de changer l'eau des olives (4) ou d'aller
du corps (5).
Je pensais que, pour se rendre là où ses fonctions organiques
l'appelaient, il aurait le temps de tuer un âne à coups
de figues (6) ! Observant sa progression parmi les voyageurs, je me
mis à m'estrasser de rire (7) en pensant à ce qui
pouvait lui arriver avant qu'il n'atteigne son but.
Malgré tout, il avait le biais (8), ce tron de l'air
(9), pour se déplacer. Même que deux amoureux en train de s'embrasser
comme des cougourdes (10) lui firent esquinette (11) pour
le laisser passer. Par contre, un autre voyageur, qui parlait pointu
(12) avec une donzelle, lui chercha garouille (13), et ne voulait
pas bouger d'un pouce. Je voyais le moment où l'embrouille allait
en arriver aux mains ! Là, je pensais que c'était les
figues d'un autre panier (14) ! Fan de chichourle (15) !
Heureusement, le contrôleur est arrivé, tout en eau
(16), et signifia au Parisien que de se conduire ainsi n'était
pas des manières, et que c'était faire de mauvaises
figures (17) au regard des autres voyageurs, et qu'il devait s'esquicher
comme les autres ! Qu'il fallait laisser passer cet homme, peuchère
(18) ! Sinon, ses brailles... Coquin de sort !!!
1. La querelle.
2. Serrés.
3. Avoir l'air ahuri, stupide.
4. Uriner.
5. Aller à la selle.
6. Se dit d'une action qui prend beaucoup de temps.
7. S'esclaffer.
8. Avoir de l'habileté, de la dextérité.
9. Tonnerre de l'air, foudre de guerre, homme intrépide.
10. S'embrasser de tout coeur.
11. Courber le dos pour aider à monter ou à franchir un obstacle.
12. Parler sans l'accent méridional, d'une manière affectée,
en simulant l'accent parisien.
13. Chercher querelle, chercher noise.
14. C'est une autre paire de manches.
15. Littéralement « enfant de jujube ». Exclamation
marquant l'étonnement ou l'admiration.
16. Être en nage, en sueur.
17. Avoir une conduite inconvenante.
18. Exclamation marquant l'apitoiement, la commisération, l'attendrissement.
Les ramages des oiseaux et des insectes
L'aigle trompette ou glatit.
L'alouette tirelire.
La caille margotte ou carcaille.
La cigale craquette, claquette ou stridule.
La cigogne craquette ou claquette.
La colombe roucoule.
Le coq coquelique, coquerique ou coqueline.
Le dindon glouglote, glougloute ou glousse.
Le geai cajole.
Le grillon grésille ou grésillonne.
La grue craquette ou trompette.
Le hibou hue, hulule ou ulule.
L'hirondelle gazouille.
La huppe pupule.
Le jars jargonne.
Le milan huit.
Le paon braille ou criaille.
La perdrix cacabe.
Le perroquet cause ou jase.
La pie cause, jacasse ou jase.
Le pigeon caracoule ou roucoule.
Le pinson frigote ou ramage.
La poule cagnette, caquette (quand elle pond), claquette
(avant la ponte), cloque (quand elle parle à ses poussins
dans l'œuf), clousse (quand elle couve), cocaille, coclore,
codèque, coucasse, crételle (après la ponte),
glousse (lorsqu'elle veut couver ou appelle ses poussins).
Le poulet piaille ou piaule.
Le rossignol gringotte ou gringuenote.
La tourterelle gémit.
Liste propsée par Dominique Louette.
On pourrait ajouter : les fourmis cro-ondent. Ça ne fait
pas beaucoup de bruit, mais ça réchauffe.
Quelques expressions populaires, plus ou moins détournées,
dans les chansons de Brassens :
S'en soucier comme de colin-tampon (Le vent, Jeanne) :
Colin-Tampon désigne l'ancienne batterie de tambour des
Suisses au service de la France, qui s'illustra pendant la bataille de Marignan
(1515). Colin diminutif de Nicolas, signifie en langage paysan
le nigaud et tampon représente le tambour. Colin-tampon
remonte à l'époque où l'on transmettait les ordres
(rassemblement ! A la soupe ! extinction des feux !) dans les casernements,
avec des batteries de tambour bien codifiées. "Colin tampon"
est l'onomatopée censée reproduire le bruit du tambour des
mercenaires suisses au service de la France, plus gros que celui des troupes
régulières. De ce fait, il rendait un son plus sourd et moins
"sec" que le "rantanplan !" des gardes françaises,
qui le laissaient donc retentir et donner ses ordres dans la plus parfaite
indifférence. Cf. les expressions familières « S'en
tamponner le coquillard », « S'en battre l'œil ».
Cette dernière expression est employée dans Auprès
de mon arbre.
Comme nous dansons devant / Le buffet bien souvent... (La femme
d'Hector). Loc. fam. Danser devant le buffet : n'avoir rien à
manger.
Son pain ressemble à du gâteau / Et son eau à du
vin comme deux gouttes d'eau (Jeanne).
Une jolie fleur... qui vous mène par le bout du cœur.
Je ne savais pas, ne savais plus où donner de la bouche
(Une jolie fleur).
Que je ne sache plus où donner de la corne...
(Le cocu).
Chez l'épicier, pas d'argent, pas d'épices,
/ Chez la belle Suzon, pas d'argent, pas de cuisse...(Grand-père).
Détournement du proverbe : Point d'argent, point de Suisse
(portier, concierge d'un hôtel particulier, aux XVIIe et XVIIIe s.
; son costume rappelait celui des mercenaires suisses).
Ces empêcheurs d'enterrer en rond (Grand-père).
Détournement de la locution (peut-être empruntée au
pamphlet de P.-L. Courier qui dénonçait le curé et
le préfet pour avoir voulu empêcher les villageois de danser)
: Empêcheur de danser (vieilli), de tourner (mod.)
en rond, personne qui empêche les autres de faire ce qu'ils
aiment, d'exprimer leur gaieté, de prendre du plaisir.
Ne jetons pas les morceaux / De nos cœurs aux
pourceaux (La femme d'Hector). Détournement de la locution
(d'origine biblique) Jeter des perles aux pourceaux, aux cochons
[= accorder à qqn une chose dont il est incapable d'apprécier
la valeur (cf. De la confiture aux cochons)].
Cœur d'artichaut, tu donnes une feuille à tout le monde
(Embrasse-les tous). Loc. fam. Avoir un cœur d'artichaut : être
inconstant en amour.
De Pierre à Paul, en passant par Jules et Félicien / Embrasse-les
tous, / Dieu reconnaîtra le sien ! (Embrasse-les tous).
Détournement de l'expression : Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra
les siens. Cette phrase aurait été prononcée lors
du terrible massacre de Béziers dirigé contre la religion
cathare en 1209. Parfois attribué à Simon de Montfort, elle
aurait en fait été prononcée par Arnaud Amalric, légat
du pape Innocent III, chargé de réprimer l'hérésie
cathare. Comme il avait investi la ville de Béziers, ses hommes lui
demandèrent comment distinguer les Cathares des Catholiques. Il aurait
résolu le problème en recommandant à ses hommes de
tuer tout le monde, Dieu devant ensuite reconnaître les "bons
Catholiques"...
En suivant ton petit bonhomme de bonheur (Pénélope).
Détournement de la locution Aller, poursuivre son petit bonhomme
de chemin : poursuivre ses entreprises sans hâte, sans bruit,
mais sûrement.
Quelques périphrases pour désigner le vin : le jus d'octobre,
la chaude liqueur de la treille, le bon lait de l'automne, le gros bleu
qui tache (Le vin).
Faire l'école buissonnière : jouer,
se promener au lieu d'aller en classe, et par ext. ne pas aller travailler.
École buissonnière : école clandestine tenue
au Moyen Âge en plein champ.[Le Petit Robert]
Une vie de patachon, agitée, dissipée (cf. Une vie
de bâton de chaise, séance du 18/10/2008). Elles «
menaient une vie de patachon, un amant aujourd'hui, un autre demain »
(Aymé). Le patachon était le conducteur de la patache (diligence
peu confortable où l'on voyageait à peu de frais).
Batteries et roulements de tambour :
Battre la diane ou le réveil.
Battre la générale : pour appeler au rassemblement.
Battre la breloque : pour appeler les soldats à une distribution
de vivres ou pour faire rompre les rangs. Fig. fonctionner mal, être
dérangé, cafouiller. Cœur qui bat la breloque.
Battre la charge : pour donner l'assaut, attaquer.
Battre le rappel : pour rappeler les soldats et les réunir.
Fig. rassembler ou réunir toutes les personnes, rameuter.
Battre la retraite : pour ordonner aux soldats de rentrer, de se
retirer du combat, de battre en retraite (Fig. céder devant un adversaire,
abandonner certaines prétentions, faire marche arrière).
Battre la chamade : pour informer les assiégeants qu'on
veut capituler. Fig. battre à grands coups, en parlant du cœur,
sous l'emprise d'une émotion. [Le Petit Robert]
Expressions avec le mot pas.
1. Au sens d'action d'avancer :
À pas de loup : de manière souple et silencieuse.
Pas à pas : lentement, avec précaution.
Faire les cent pas : attendre en marchant de long en large, aller
et venir.
Salle des pas perdus (dans un édifice public), où
vont et viennent des personnes qui attendent.
Faux pas : pas où l'appui du pied manque; fait de trébucher.
Fig. Écart de conduite (faiblesse, faute). Loc. littér. Faire
un pas de clerc : faute, erreur, maladresse par inexpérience,
ignorance, imprudence.
Faire les premiers pas : prendre l'initiative. Faire des avances.
Prov. Il n'y a que le premier pas qui coûte.
2. Au sens d'allure :
Aller, avancer au pas (opposé à en courant), à
l'allure du pas normal.
Au pas (de) gymnastique, au pas de course : rapidement.
Façon réglementaire de marcher dans l'armée. Marcher
au pas, au pas cadencé. Pas de charge. Le pas des légionnaires.
Pas de l'oie : pas de parade où les jambes sont levées
en extension. Se mettre au pas. Marquer le pas : faire
sentir la cadence en frappant du pied, piétiner sur place en cadence.
Fig. Ralentir ou s'arrêter. Le chômage marquait le pas.
Loc. Mettre qqn au pas, le rappeler à l'ordre, le forcer
à obéir.
Danse. Mouvement exécuté par le danseur avec ses pieds dans
l'exécution d'une danse. Pas de basque. Pas des patineurs. Esquisser
un pas de tango. Pas de deux.
3. Au sens de passage :
En loc. Action de passer devant. Prendre le pas sur qqn, le précéder;
fig. le dominer. Céder le pas à qqn, le laisser passer
devant ; fig. reconnaître sa supériorité.
Vx (sauf dans quelques expressions) Lieu où l'on passe, que l'on
doit passer. Détroit ou col. Le pas de Calais.
Fig. Difficulté, obstacle. Loc. Franchir, sauter le pas
: se décider à faire qqch. après des hésitations.
Le pas de la porte : seuil, ou espace qui se trouve devant une
porte. Prendre le frais sur le pas de la porte. Pas de porte, ou
pas-de-porte : somme payée au bailleur ou au détenteur
d'un bail pour avoir accès à un fonds de commerce ou à
la location d'un appartement. Des pas de porte.
Pas de tir : lieu à partir duquel est effectué le
lancement d'un engin spatial.
Tours d'une rainure en spirale. Pas de fusée (horlog.).
Pas de vis. Le pas est usé.
Faire long feu, se dit d'une cartouche dont l'amorce
brûle trop lentement, de sorte que le coup manque son but. «
Mon pistolet avait fait long feu » (Vigny).
Fig. Faire long feu : ne pas atteindre son but. Echouer. Cette
vieille plaisanterie a fait long feu, elle ne prend plus.
Fig. Ne pas faire long feu : ne pas durer longtemps. Leur association
n'a pas fait long feu.
Faire une coupe sombre ou une coupe claire ?
Sylv. Action d'abattre des arbres, dans une forêt. Étendue
de forêt à abattre. Coupe dans une forêt communale.
Coupe sombre ou d'ensemencement : opération qui consiste
à n'enlever qu'une partie des arbres pour permettre l'ensemencement
de nouveaux arbres. Fig. Suppression importante. On a fait une coupe
sombre dans le personnel de l'entreprise : on a licencié beaucoup
d'employés.
Coupe claire, qui éclaircit la coupe sombre et donne de
la lumière aux jeunes arbres. Fig. Suppression encore plus importante
que la coupe sombre.
Coupe réglée : abattage périodique d'une portion
de bois déterminée. Mettre un bois en coupe réglée.
Fig. Mettre en coupe réglée : imposer indûment
des prélèvements périodiques, des sacrifices onéreux.
Bille en tête (Billard) Façon de frapper
la boule, ou bille, blanche au-dessus et à la verticale de son centre.
(Figuré) Droit au but, directement, sans hésiter.
Se mettre en rang d’oignons – Sens : se ranger à la file, sur une même ligne. Référence : l’ordre de préséance imposée aux états généraux de 1576 par le baron… d’Oignon sous le règne d’Henri III.
- De bon, de mauvais aloi : de bonne, de mauvaise
qualité, qui mérite, ne mérite pas l'estime. Aloi
: (Vx) Alliage. (Spécialt) Titre légal (d'une monnaie, d'un
article d'orfèvrerie). [Le Petit Robert]
- Tenir le crachoir : parler sans arrêt. Tenir le crachoir
à qqn, l'écouter sans pouvoir placer un mot. [Le Petit
Robert]
- Tirer à hue et à dia : tirer en sens contraire
; (fig.) employer des moyens contradictoires. Hue et dia
étaient des onomatopées employées par des charretiers
pour faire avancer leurs chevaux, à droite (hue) ou à
gauche (dia). Hue a donné le verbe huer,
dia a peut-être donné le nom dada. [D’après
C. Duneton, La Puce à l’oreille]
- Ne pas être dans son assiette. Dans un premier temps, assiette
signifiait « position, manière d’être posé
». Son étymologie est la même que pour asseoir
et assise. C’est ce sens que l’on trouve dans les expressions
: avoir une bonne assiette pour un cavalier, l’assiette
d’un avion ou d’un sous-marin (l’équilibre).
Le mot a aussi le sens figuré de « disposition, état
d’esprit » ; c’est dans ce sens qu’il faut prendre
l’expression Ne pas être dans son assiette. En matière
de repas, l’assiette désigna d’abord la position
des convives autour d’une table. Par extension, on appela ainsi le
service qu’ils avaient devant eux, et enfin le petit plat d’argent,
d’étain, de porcelaine, qui remplaça chez les riches
la vieille écuelle à potage. [D’après C. Duneton,
La Puce à l’oreille]
- Porter un toast. Le mot anglais toast vient du vieux
français tostée et signifiait « une tranche
de pain grillée que l’on mangeait en buvant ». Au XVIIème
siècle, quand les Britanniques portaient la santé à
une dame, la chope qui passait de convive en convive contenait effectivement
un morceau de pain grillé, devenu le symbole de la dame elle-même.
L’auteur du vœu la mangeait en dernier ressort. [D’après
C. Duneton, La Puce à l’oreille]
Mieux vaut pain en poche que plume au chapeau : Tout
ce qui est superficiel n’a pas de valeur réelle et ne nourrit
pas.
Trempé comme une soupe : A l’origine, la soupe était
la tranche de pain que l'on arrose de bouillon, de lait… Par déformation,
c’est le liquide dans lequel on trempe qui est devenu la « soupe
».
Faire un pied de nez à qqn (un nez d'un pied de long), un
geste de dérision qui consiste à étendre la main, doigts
écartés, en appuyant le pouce sur son nez. En fait, celui
qui était déçu avait le nez allongé jusqu’à
un pied, l’ancienne mesure de longueur.
Quelques mots bien français et expressions utilisés
en Belgique.
1) Victor Hugo qui n’aimait pas beaucoup les Belges disait qu’ils
parlent flamand en français.
Ainsi : Tirer son plan = se débrouiller
Avoir des ruses avec quelqu’un = se disputer
On ne sait de rien = on ne sait pas
Ça ne peut pas continuer durer
Tu viens avec ? Tu joues avec ?
Je ne sais pas de chemin avec lui = je ne sais pas comment m’y
prendre avec lui
Mots d’origine congolaise : matabiche = pot de vin
potopoto = boue (nom d’un quartier populaire de Brazzaville
bâti sur des marais insalubres)
matata = ennuis, problèmes
De l’hébreu : C’est tof = c’est bien !
Autres : Avoir une brette avec quelqu’un = se disputer (brette=
duel à l’épée)
Etre taiseux = silencieux (archaïsme qui n’est plus
utilisé en France)
C’est affiché aux valves = au tableau d’affichage
(latin : ad valvas = endroit où on mettait les avis officiels)
2) Ne pas mélanger les torchons avec les serviettes.
En Belgique, on s’essuie avec des « essuies » : essuie-mains,
essuie-vaisselles, essuies de bain. Les serviettes ne servent qu’à
table et les torchons sont des serpillières ; ce mot est employé
pour un linge pas très propre. Par contre, nous utilisons souvent
le mot « loque » : la loque à poussières,
la loque à cirer et la loque à reloqueter qui est la
serpillière (dans le Nord c’est la wassingue, du flamand
: wassen = laver, et à Genève la panosse).
Pour la vaisselle et nettoyer la table, nous utilisons une lavette.
Maintenant quelques mots :
le gsm pour le portable (à Genève, c’est le
natel)
la clenche de la porte pour la poignée
l’aubette à journaux = le kiosque
et 2 expressions que j’aime particulièrement : ça spite
! = ça éclabousse
et : Vo s’aringé ça comme des gailles sou un baston
[wallon] : vous arrangez cela comme des noix sur un bâton. Signification
: vous résolvez ce problème de manière simpliste, sans
tenir compte de la complexité de la situation.
3) Pour terminer : l’alimentation
Petit menu belge : des caricoles à déguster avec
un pistolet, suivies d’un morceau de spiering avec
de la salade de blé et des chicons ; et comme dessert
des gosettes aux pommes, des couques aux raisins et des
pralines. Soit : de petits escargots noirs à déguster
avec un petit pain, suivis d’un morceau d’échine de porc
avec de la mâche et des endives ; et comme dessert des chaussons aux
pommes, des petits pains aux raisins et des bonbons au chocolat.
Prendre du souci, partir, quitter une réception.
Il est ben temps de prendre du souci, y a du chemin à faire !
(Régionalisme lyonnais).
Avoir du pain sur la planche : Selon Lionel Poilâne, cité
par Claude Duneton, « les paysans avaient l’habitude de faire
à l’avance une assez grande quantité de pain, qu’ils
rangeaient sur une planche fixée aux solives du plafond au moyen
de montants de bois. Tant qu’ils avaient ainsi du pain cuit, ils disaient
qu’ils avaient du pain sur la planche, expression qui a été
prise au figuré et s’est appliquée à tout personne
ayant de quoi vivre sans qu’elle ait besoin de travailler ; puis,
par extension, à avoir du travail en réserve ». Mais
comment expliquer le passage des « provisions » au « travail
» ? En fait, quand on était en prison ou quand on était
condamné aux travaux forcés, on était assuré
d’avoir du pain. Avoir du pain sur la planche, c’est
donc aussi être condamné à une longue réclusion
ou à une longue peine de travaux forcés. [D’après
C. Duneton, La Puce à l’oreille]
Ronger son frein : se retenir pour ne pas foncer, se contenir quand
on a subi une vexation ou une remontrance. Le frein, c’est le mors,
qu’on met au cheval pour le retenir et le diriger. Le cheval au repos
mâche et remâche cet instrument en attendant d’avoir à
nouveau l’autorisation de se dégourdir les jambes. [D’après
C. Duneton, La Puce à l’oreille]
Ménager la chèvre et le chou : À vouloir plaire
aux uns on s’attire souvent la colère des autres, et il est
parfois difficile de ménager la chèvre et le chou
! Dans cette curieuse locution il faut comprendre le verbe ménager,
non pas dans le sens actuel d’épargner, mais dans celui qu’il
avait autrefois de « conduire, diriger » - que l’anglais
a conservé sous la forme quasi internationale de manager
et management. […] C’est donc « conduire la chèvre
et le chou » qu’il faut entendre à l’origine de
l’expression, ces deux antagonismes ancestraux, prototypes du dévoreur
et du dévoré, du faible et du fort, du couple dominant-dominé
qui a toujours besoin d’un arbitre, d’un gardien, d’un
législateur ; le duo a donné aussi mi-chèvre, mi-chou,
moitié agressif, moitié soumis, donc incertain, hésitant
à pencher vers un bord ou un autre. En tout cas, il faut être
habile pour faire cohabiter ces deux ennemis, ou les emmener en voyage.
Cf. le fameux problème du passage d’un loup, d’une chèvre
et d’un chou… [C. Duneton, La Puce à l’oreille]
De but en blanc : sans préparation, brusquement. Dans le
domaine militaire, avant d’être « ce que l’on vise
», le but, ou butte, était l’endroit
d’où l’on tire, généralement un monticule
surélevé. Le blanc était la cible. [C. Duneton,
La Puce à l’oreille]
Payer rubis sur l'ongle : payer tout, tout de suite
; payer comptant. C'est une histoire de vin rouge : vider son verre jusqu'à
une dernière goutte, qui pourrait rester en équilibre sur
un ongle, cela s'appelait faire rubis sur l'ongle ! Du vin entièrement
bu, on est passé à l'argent entièrement versé...
[Bernard Pivot, 100 expressions à sauver.]
Rabattre le caquet : au moment de pondre ou quand elles sont plongées
dans une bienheureuse méditation, les poules émettent des
gloussements. Elles caquètent. Du mot caquet, qui désigne
ce bruit de bec et de gorge, lequel ressemble à du babillage, à
un bavardage sans fin. Faire taire une personne à la fois discoureuse,
papoteuse et un peu prétentieuse, c'est lui rabattre le caquet. [Bernard
Pivot, 100 expressions à sauver.]
Courir comme un dératé : courir très vite.
De dérater (1535) « enlever la rate » (pour supprimer
la bile noire; pour faire courir plus vite les chevaux).
Autour du mot « échelle » :
Échelle de corde, dont les montants sont en corde.
Échelle de meunier : escalier droit sans contremarches.
Mar. Degré, escalier fixe ou mobile. Échelle de coupée
: échelle principale servant à monter à bord.
Loc. Faire la courte échelle à qqn, l'aider à
s'élever en lui offrant comme points d'appui les mains puis les épaules
; fig. l'aider à avancer, à réussir.
Après lui, il n'y a plus qu'à tirer l'échelle,
on ne peut faire mieux que lui, il n'y a pas à reprendre le travail.
Iron. Si vous ne savez même pas cela, il n'y a plus qu'à
tirer l'échelle, ce n'est plus la peine de continuer, d'insister.
Être en haut, en bas de l'échelle, de la hiérarchie.
Ligne graduée, divisée en parties égales, indiquant
le rapport des dimensions ou distances marquées sur un plan avec
les dimensions ou distances réelles (échelle graphique);
par ext. (1797) Rapport existant entre une longueur et sa représentation
sur la carte (échelle numérique). Échelle
d'une carte, d'une photographie aérienne. 1 mm représente
100 m à l'échelle de 1/100 000. Carte à grande
échelle, représentant un terrain peu étendu par
une surface relativement importante. Loc. Faire qqch. sur une grande
échelle, en grand, largement.
Échelle sismologique, mesurant l'intensité des séismes
ou leur magnitude (échelle de Richter). Un séisme
de magnitude 6 sur l'échelle de Richter. Échelle de Beaufort,
mesurant la force du vent et graduée de 1 à 12.
Vx ou hist. (1654 ; du lieu où l'on pose l'échelle pour débarquer)
Place de commerce, sur certaines côtes. Loc. Les échelles
du Levant : les ports de Turquie, d'Asie Mineure ; les échelles
de Barbarie : ports d'Afrique du Nord par lesquels se faisait le commerce
avec l'Europe. « Aben Hamet s'embarqua à l'échelle
de Tunis » (Chateaubriand).
L'Echelle de Jacob se réfère au rêve du patriarche
Jacob fuyant son frère Esaü, représentant une échelle
montant vers le ciel. « Et il rêva qu'il y avait une échelle
reposant sur la terre et dont l'autre extrémité atteignait
le ciel ; et il aperçut les anges de Dieu qui la montaient et la
descendaient ». [Livre de la Genèse (28:11-19)]
Comment dit-on en italien certaines expressions imagées
?
Avoir la chair de poule => Avoir la peau d’oie «
Avere la pelle d’oca ».
Chercher la petite bête => Chercher le poil dans l’œuf
« Cercare il pelo nell’uovo ».
Ne réveille pas le chat qui dort ! => Ne réveille pas
le chien qui dort ! « Non svegliare il can che dorme ! »
Il n’y a pas un chat => Il n’y a pas un chien «
Non c’è un cane ».
Faire d’une pierre deux coups => Prendre deux pigeons avec
une fève « Prendere due piccioni con una fava ».
Cette expression fait référence à un système
de chasse fort ancien.
Quand les poules auront des dents => Quand les ânes voleront
« Quando gli asini voleranno ».
Ne pas se laisser marcher sur les pieds => Ne pas vouloir de mouches
sur le nez « Non voler mosche sul naso ».
La moutarde lui est montée au nez => La mouche lui a sauté
au nez « Gli è saltata la mosca al naso ».
• Une vie de bâton de chaise : S'il est
vrai que les chaises en bois sont en partie un assemblage de « bâtons
», pourquoi auraient-ils une vie trépidante à l'origine
de l'expression ?
En réalité, il faut remonter dans le temps, à l'époque
des chaises à porteurs comportant deux grands bâtons latéraux
servant à porter la chaise et son contenu humain.
Après, les avis divergent sur l'origine de l'expression.
Elle pouvait venir du fait que les bâtons étaient constamment
manipulés, soulevés, posés, tirés pour dégager
la porte de la chaise, remis en place...
Ces bâtons avaient une existence très peu reposante, ce qui
explique l'expression dans laquelle l'idée d' "activité
excessive" a peu à peu fait place à l'idée de
"vie désordonnée".
Mais elle pouvait aussi venir de la vie que menaient les porteurs, toujours
en déplacement puis à attendre le retour du propriétaire
de la chaise, de préférence dans les lieux de débauche
(tripots, bordels...) dans lesquels ils transportaient leurs bâtons
avec eux pour ne pas se les faire voler, la vie des bâtons étant
alors assimilée à celle des porteurs. [http://www.expressio.fr/expressions/]
• Avoir un œil au beurre noir : Apparue dans sa formulation
actuelle au XIXe siècle, l'expression était auparavant "avoir
un œil poché au beurre noir". On qualifiait de "beurre
noir" le beurre qui avait blondi lors de la cuisson et qui par la même
occasion colorait le blanc d'un œuf cuit sur le plat. Dans la poêle,
le blanc de l’œuf entouré du beurre noirci d'avoir trop
cuit, peut être comparé au blanc de l’œil entouré
du bleu foncé qui apparaît un peu après le coup reçu.
[http://www.linternaute.com/]
• Prendre une biture. S'enivrer, prendre une cuite.
Origine : Voilà une expression qui nous vient de la marine. Officiellement,
la biture (qu'on écrit aussi très rarement bitture,
puisque le mot est issu de bitte, celle d'amarrage) est la longueur
de la chaîne de l'ancre qui est disposée en zigzag sur le pont
de manière à ce que, au moment du mouillage, l'ancre puisse
filer le plus rapidement et librement au fond.
Mais quel lien entre la biture et le fait de boire de l'alcool au point
d'en être complètement soûl ? Eh bien ! Il y a deux manières
de relier les deux.
La première, c'est par simple analogie entre la disposition de la
biture sur le pont et la trajectoire pour le moins zigzagante de celui qui
marche alors qu'il s'est pris une belle cuite.
Pour la seconde, on peut supposer que, lorsque la (véritable) biture
a correctement filé, c'est probablement que le marin est arrivé
au port, et qu'il peut donc se permettre d'y ripailler et aussi d'y boire
à volonté. [http://www.expressio.fr/expressions/]
• Sabrer le champagne : trancher le col des bouteilles de
champagne au sabre.
• Sabler le champagne : boire du champagne pour fêter
un événement heureux. Sabler : jeter dans un moule
fait de sable, d’où avaler d'un trait. [http://www.academie-francaise.fr/langue/]
• Battre la chamade étym. chiamade 1570;
piémontais ciamada « appel »; italien chiamare
« appeler » :
1 Vx Appel de trompettes et de tambours par lequel des assiégés
informaient les assiégeants qu'ils voulaient capituler.
2 Mod. Loc. Battre la chamade : battre à grands coups, en
parlant du cœur, sous l'emprise d'une émotion. [Le Petit Robert]
• Plein (battre son) : Si l’expression battre son
plein a naguère encore suscité quelques controverses,
tous les spécialistes s’accordent aujourd’hui à
donner raison à Littré. Dans cette expression empruntée
à la langue des marins, son est bien un adjectif possessif
et plein un substantif, les meilleurs auteurs se rangent à
ce point de vue. Le plein, c’est la pleine mer, et l’on dit
que la marée bat son plein lorsque, ayant atteint sa plénitude,
elle demeure un temps stationnaire. On dit donc bien les fêtes
battent leur plein. [http://www.academie-francaise.fr/langue/]
• Fier comme un pou : Être fier comme un pou
est une expression incompréhensible au premier abord, et qui comme
beaucoup d'autres doit son succès à son absurdité.
Les poux sont des petites bêtes pleines de pattes qui se promènent
parfois sur les mèches de cheveux, assez gravement sans doute, mais
sans aucune fierté. Ils se sauvent dès que l'on approche le
doigt, ils s'enfuient lâchement dans l'épaisseur de la chevelure
comme un cafard sous un balai. Que l'on dise "moche comme un pou",
cela se comprend, mais fier ?...
En réalité le "pou" en question - ou poul,
ou pol - est l'ancienne dénomination du coq, le mâle
de la "poule" précisément, et le papa du "poulet"
! En fait, fier comme un pou veut dire "fier comme un coq".
Un petit coq même, un coquelet fringant, tout en plumes et en crête
arrogante. Cela à une époque où le coq adulte s'appelait
aussi jal, ou gai, du latin gallus, alors que
la vermine des coiffures étaient encore un pouil, ce qui
explique les "pouilleux". L'expression se rattache donc légitimement
à la panoplie du cocorico national ; le mot "coq" vient
d'ailleurs de "cocorico", imitation de son cri.
Quant au coq gaulois, l'emblème, il résulte d'un jeu de mots
en latin entre gallus, coq, et Gallus, Gaulois, sans que
nos ancêtres bien connus aient marqué une préférence
particulière pour cet oiseau de basse-cour ! [Claude Duneton, La
Puce à l’oreille]
• Avoir le béguin : s’amouracher. Le béguin
est la coiffe des béguines, religieuses belges et hollandaises.
Selon Claude Duneton, s’embéguiner signifie se coiffer de quelqu’un,
se remplir la tête d’une personne, en être amoureux. [Bernard
Pivot, 100 expressions à sauver]
• Battre la breloque : fonctionner mal, être dérangé,
cafouiller. Cœur qui bat la breloque. (Personnes) Être
dérangé, un peu fou. La batterie de tambour qui appelait les
soldats au casse-croûte s’appelait « breloque ».
Elle était saccadée, son rythme inégal. Une montre
qui bat la breloque ne fonctionne pas bien. [Bernard Pivot, 100 expressions
à sauver et Le Petit Robert]
Donner sa langue au chat : Autrefois, on disait "jeter sa langue au chien". Cette expression avait un sens dévalorisant car à l'époque, on ne "jetait" aux chiens que les restes de nourriture. "Jeter sa langue aux chiens" signifiait alors ne plus avoir envie de chercher la réponse à une question. Petit à petit, l'expression s'est transformée pour devenir "donner sa langue au chat", au XIXe siècle. En effet, à cette époque, le chat était considéré comme un gardien de secrets. Sa parole serait donc de valeur considérable, et il pourrait s'agir en "donnant sa langue au chat", de lui prêter la parole pour qu'il nous donne la réponse à une devinette. [http://www.linternaute.com/expression/]
En connaître un rayon : Cette variante d’"en connaître un bout" provient de l’ancien français "rée", d’origine germanique. Ce mot désignait les morceaux de cire produite par les abeilles. En référence aux rayons d’une ruche, on a tout d’abord appelé de la même manière les étagères des placards, puis par la suite les planches dans les boutiques. Enfin aujourd’hui, un rayon désigne l’endroit d’une grande surface où l’on trouve les produits d’une même catégorie. La multiplication de ces derniers a engendré la nécessité d’avoir des "chefs de rayon", c'est-à-dire des personnes capables de savoir où trouver un produit et de renseigner les clients sur les caractéristiques précises de celui-ci. C’est donc avec l’essor des grandes surfaces que seraient réellement née cette expression dans son sens de "tout savoir sur un sujet". [http://www.linternaute.com/expression/]
Il y a belle lurette : déformation de il y a belle heurette, où heurette signifie petite heure. Sens : un bon bout de temps. [La Puce à l’oreille, Claude Duneton]
A la saint-glinglin : La Saint-Glinglin est un jour
fictif du calendrier liturgique catholique, utilisé pour renvoyer
à plus tard voire à jamais l'accomplissement d'un événement
indésirable. L'origine de l'expression vient de la déformation
de seing (le signe) et glin, le son des cloches : cela
voudrait donc dire, à l'origine, quand les cloches sonneront. "Avoir
lieu à la Saint Glinglin" est synonyme de "remettre aux
calendes grecques", "à la semaine des quatre jeudis",
"à Pâques ou à la Trinité" ou "quand
les poules auront des dents". [Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Accueil]
A tire larigot : Le larigot est une sorte de flûte, un petit flageolet dont la forme primitive du nom est arigot ou harigot ; l'arigot a donné larigot par agglutination de l'article. On ne sait d'où vient ce mot ; on a soupçonné sans preuve le latin arinca, qui désigne une espèce de blé ; de sorte que l'arigot serait primitivement un chalumeau (l'instrument de musique), en latin fistula. On a soupçonné aussi le latin aliquot sans plus de certitude. Quant à tire-larigot, on n'y peut voir qu'une expression populaire imagée représentant quelqu'un qui boit sans s'arrêter avec la même posture que quelqu'un qui jouerait de la flûte. On trouve d'ailleurs l'expression flûter qui signifie la même chose, boire. [Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Accueil]